Dans le globe terraqué de la peinture, l'aquarelle est l'humide, le pastel la terre.
C'est la terre que Claude Bauret Allard travaille. Seules les plumes de certains grands oiseaux ou pétales de fleur, la pensée, l'orchidée, le chardon, donnent ces vibrations.

Dans la plume - la lie du bleu du ciel, dans la fleur - les ocres, les souffres,
les charbons, les terres brulées montent jusqu'aux yeux de ces pétales.

Ces pastels sont de grands ciels qui se lisent dans la main.
Un horizon qui ne vous échappe pas mais auquel on est lié.

Comme la nuit, les noirs ne sont pas faits de noir.
Pour le peintre l'obscurité agit comme s'il en était la lumière, la couleur.

La lumière infléchit, prononce, articule, révèle, note, éteint, consume,
dans ses éblouissements, dans ses degrés, dans ses coups de balai.

On voit parfois la nuit tomber sur un tableau et les blancs devenir les dernières braises, les derniers jours, le tableau couvant un feu qu'il réserve jusqu'au lever, où l'ourlet de lumière - mesure du débordement - donne le plein jusqu'à verser entièrement le jour aux noirs, aux rouges, aux bleus ...

Ces tableaux ne cessent d'inspirer au lieu d'expirer et celui qui les regarde en garde
une altitude d'où il ne redescend jamais tout à fait , parce que quelque chose de "vu", "perçu", subitement s'interpose dans tout ce qu'il voit à l'avenir.

Anne de Staël

Claude Bauret Allard

jfbauret@noos.fr